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Le retour de la solidarité en contexte de crise sanitaire : un signal pour les mutuelles ?

La crise sanitaire actuelle apporte son lot de difficultés, humaines, morales et financières et tout le monde s’accorde à dire qu’il y aura « un avant et un après ».

Dans cette période, les organismes assureurs sont pointés du doigt en raison d’une aide présumée trop faible face à la crise. C’est dire l’importance du rôle qui leur est attribué en termes de sécurisation financière des individus et des employeurs dans un contexte de crise.


Pour autant, à l’heure du « grand confinement », d’autres notions ont repris du sens et une importance qui semblait avoir disparue. La solidarité est l’une d’elle, avec des actions de proximité menées sur l’ensemble du territoire, pour aider telles ou telles populations dans des nombreuses situations : contrer l’isolement, fabriquer des masques en urgence, apporter de la nourriture, etc.


Cette expression directe de la solidarité que nous croyions disparue ou à tout le moins transformée en une approche communautaire, en réponse à l’individualisme et à la recherche du « toujours plus », reprend vie de façon très directe et bien souvent en dehors des institutions.

Elle pourrait apporter un nouveau souffle au courant mutualiste et au rôle de ses élus, en permettant aux mutuelles* d’aller au-delà de la simple exécution d’un contrat financier.


Avec les réformes réglementaires (S2, DDA…) et les changements sociétaux, le rôle des élus mutualistes s’est peu à peu concentré sur les enjeux de « gouvernance », elle-même renforcée sur les aspects les plus techniques. Les autres dimensions (contact avec les adhérents, proximité et dynamique locale par exemple) ont été reléguées au second plan.

Mais la prise de conscience du « besoin de vivre ensemble » exacerbée par la crise sanitaire est l’occasion de redonner une vigueur nouvelle au rôle de proximité et de relais de ces élus :

  • S’occuper d’une personne âgée ne veut pas, ne peut pas se limiter à financer ses besoins grâce une garantie dépendance,

  • L’aide sociale ne peut pas être uniquement appréhendée depuis Paris ni s’exprimer dans une aide individuelle et, là encore, financière ; elle doit être adaptée localement et ne peut plus se limiter au financement d’établissements, si nécessaires soient-ils,

  • L’absence de possibilité de circuler rend complexe l’aide aux aidants, les gardes d’enfants et tous les services quotidiens. Nous comprenons que nous sommes en quelque sorte tous dépendants. Des solutions de proximité peuvent être imaginées, stimulées, aidées, cadrées, …

Dans ce contexte le réseau de militants/élus des mutuelles peut, et doit trouver un moyen d’agir pour apporter un soutien concret à ses adhérents et plus uniquement une aide financière ponctuelle.

La réponse n’est pas simple.

Pourtant, afin de lutter contre la banalisation accélérée entre les acteurs des 3 familles – assureurs, institutions paritaires et mutuelles –, les mutuelles disposent bien souvent encore d’un réseau implanté localement de proximité (et/ou affinitaire) qui peut être mobilisé pour incarner de façon différenciante le mutualisme sur les territoires.


Ensuite, la solution est à inventer au cas par cas en conservant en mémoire quelques fondamentaux :

  • L’expérimentation est nécessaire, afin de pouvoir réagir plus rapidement et garantir l’adaptation locale,

  • Seul, le réseau local ne peut pas tout faire ; il faut s’intégrer dans un maillage territorial avec les élus, les associations présentes, etc.,

  • La mutuelle (Livre II) est là essentiellement pour financer la coordination et la diffusion des expériences réussies et ne peut se laisser enfermer dans des préoccupations gestionnaires.


* Nous parlons ici des mutuelles de Livre II, en ayant bien conscience des actions fortes réalisées par les 2.800 établissements et services mutualistes (Livre III) présents sur l’ensemble du territoire.


Co-écrit par Bruno de la Porte, Muriel Larue et Sébastien Rochelle (ADICEO).

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